samedi , 27 juillet 2024

Les adieux

Temps de lecture : 3 minutes

Mis à jour le 5 août 2021 à 16h40

Une semaine après la mort d’Harry, ses parents, sa femme et ses amis lui rendirent un dernier hommage. Le jour des funérailles, Lydia paraissait apaisée. Son sentiment de culpabilité s’estompait peu à peu. Aujourd’hui, c’est envers Alan qu’elle se sentait coupable. Au lendemain matin, elle ne pouvait le regarder dans les yeux. Après leur nuit folle, elle regretta de s’être autant laissée aller. Oui, elle l’aimait et elle savait que c’était réciproque mais son mari était encore à la morgue et tout ce qu’elle avait trouvé, c’était de coucher avec le premier venu. Peu importe que le premier venu soit Alan, elle culpabilisait beaucoup.

Les gens avançaient vers elle et la saluaient avec sympathie. Les collègues d’Harry, des amis, des gens du quartier. Tous rendaient hommage à l’homme honnête qu’il était et qui a perdu la vie tragiquement. Alors que le pasteur prononçait son sermon, Lydia se rappela les scènes et les conversations qu’ils avaient eues ce matin-là. Il lui avait préparé son petit déjeuner, l’avait bordée et gâtée. Comme s’il voulait lui laisser de précieux souvenirs. Et elle en avait gardé de très bons. Ils avaient passé la nuit à faire l’amour juste et au matin avant de partir, il lui avait rappelé qu’il l’aimait.

Seigneur ! Que la vie était cruelle !!! Alors que ces scènes lui revenaient, d’autres se superposaient à son esprit. Cette fois, les acteurs avaient changé. C’était Alan qui prenait le dessus. Heureusement que le pasteur mit fin à la cérémonie et elle suivit le cercueil et la famille au cimetière. C’était bel et bien fini. Harry était parti et tous ceux qui étaient passés durant toute la semaine aussi.

Rentrée chez elle, Lydia envisageait de retourner vivre chez ses parents. Elle se disait qu’elle allait se donner un certain temps de réflexions. Elle pensait encore à prendre encore un verre et se ravisa. Il était temps qu’elle se prenne en main. Pour commencer, il fallait qu’elle ait le courage de renvoyer Alan. Elle le devait à la mémoire de son mari. Elle le devait à leur amitié.
Elle aura beau l’aimer de toutes ses forces. Elle se devait de respecter le mariage de son ami. Elle était veuve mais Alan avait encore des engagements envers sa femme. Et par amour pour Harry, elle se promettait désormais de mener une vie chaste. Il lui fallait cependant trouver le courage d’en parler ainsi à Alan. La sonnette de la porte la tira de ses réflexions. En ouvrant la porte, elle découvrit Alan dandinant au pas de la porte ne sachant quoi faire. Lydia sut que le moment de vérité était arrivé.

………………………………………………..
-Pourquoi tu parais si mal à l’aise ?, demanda Lydia à Alan.
-Je suis venu te dire que…
-Tu dois retourner aux Etats-Unis, ajouta-t-elle à sa place.
-Comment tu le sais ?
-Il aurait fallu que tu y retournes un jour ou l’autre.
-Je ne veux pas le faire, tu sais.
-Tu n’as pas le choix Alan. Tu l’as dit toi-même, tu es marié.
-Oui, je suis marié. Quel gâchis !
-Quoi ? Le fait d’être marié ?
-Non, le fait de ne pas t’avoir épousé au lieu de Marina.
-Ce serait peut-être toi qui aurait été tué, répliqua Lydia d’un air sombre.
-Nul ne pourrait le prévoir et ce n’est pas parce qu’Harry était marié avec toi qu’il s’est fait tuer.
-Possible.
-C’est la vérité Lydia. Tu n’en es pas responsable.
-J’espère pouvoir penser ainsi un jour.
-Je l’espère aussi… Lyd, tu tiendras le coup ?
-Est-ce que j’ai le choix ? Je suis encore en vie, il faut bien que je vive non ?
-Oui tu dois vivre. Tu es belle, tu es jeune. Ne gâche pas tout. Prends ta vie en main.
-J’essaierai.
-N’oublie jamais combien je t’aime Lydia.
-Je t’aime aussi Alan et je crois qu’il est temps qu’on se dise adieu.
-Pourquoi adieu ? On pourrait continuer à se voir de temps en temps. Tu es mon amie que je sache.
-A l’époque où j’étais ton amie, je ne couchais pas avec toi.
-Lyd, on s’était promis qu’on ne recommencera. On peut se tenir, on est adultes.
-On sait que c’est faux. Depuis une demi-heure qu’on discute, toi et moi, on n’en a qu’une envie : nous retrouver au lit. Dis-moi que je me trompe.

  • Lyd, répondit-il intimidé
    -Voilà.
    -J’envie Marina d’être ta femme mais je m’en voudrais à mort si je m’érige en celle qui détruirait votre mariage. Va rejoindre ta femme Alan et oublie-moi.
    -Je ne pourrai jamais t’oublier Lydia. Aussi loin que je me souvienne, tu as toujours fait partie de ma vie. Je n’ai jamais pu être totalement moi sans toi. J’aurai beau être un homme marié, c’est toi qui as toujours été mon autre moitié.
    -Alan, arrête s’il te plait.
    -Pardon Lyd, je ne peux m’empêcher de dire ce que je ressens. Et ce que je ressens, c’est que mon cœur est rempli d’amour pour une femme extraordinaire.
    -Une femme extraordinaire qui a épousé quelqu’un d’autre et toi aussi tu as fait de même. Rentre rejoindre Marina et sois pour elle le mari que tu rêvais d’être pour moi. Au revoir Alan.

-Je ferai de mon mieux Lyd. Même si ce ne sera pas facile. Quand le cœur n’y est pas, les résultats peuvent être catastrophiques.
-Mets-y ton cœur alors.
-Toi et moi nous savons déjà qu’il est ailleurs.
-Désolée Alan.
-Ne le sois pas. Je n’oublierai jamais notre nuit d’amour. Mon cœur et mon corps en seront à jamais marqués.

Il l’embrassa une dernière fois et s’en alla. Au cours de la même journée, Lydia fit ses adieux aux deux hommes de sa vie.

À propos de Vanessa Dalzon

Je suis Vanessa Dalzon, journaliste ayant fait des études en Droit. Auteure.

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