Le dîner arriva enfin. Ricardo et Charline avaient convenu de se retrouver au restaurant. Ricardo était arrivé en avance et était assis en regardant distraitement son téléphone. Ils avaient rendez-vous à 7h. A 7h tapantes, Charline franchit les portes du restaurant juste au moment où Ricardo levait la tête. Au sourire de Ricardo, Charline comprit que la robe avait eu son effet.
-Vous êtes belle à couper le souffle, dit Ricardo en se levant pour l’accueillir.
-Je vous remercie.
-En plus, vous êtes ponctuelle.
-Je déteste le retard.
-Moi aussi mais j’ai fini par m’y habituer.
-Vous avez tellement l’habitude de sortir avec des femmes retardaires?
-Serait-ce une façon détournée de m’interroger sur mes conquêtes, Charline?
-Vous vous doutez bien que cette partie de votre vie ne m’intéresse guère.
-Quelle partie vous intéresse alors?
L’arrivée du serveur dispensa Charline de répondre à la question. Ils passèrent leur commande. Tandis que le serveur s’en allait, un ami de Ricardo vint les saluer à leur table.
-C’était un ami de l’Université, on jouait dans la même équipe de football, précisa Ricardo.
-Alors comme ça, vous jouiez au football? Je vous voyais plus dans les clubs de débat de la fac.
-Je faisais les deux. J’aimais bien les clubs de débat mais le football attire les filles.
-C’était votre seule motivation dans ce jeu? Seigneur!
-Pas que. J’aime beaucoup le football. Jusqu’à présent, je dispute certaines parties avec quelques collègues le samedi après-midi. Et j’aime bien regarder les matches aussi.
- Moi je préfère regarder. Je n’y joue pas mais j’aime bien les matches de foot.
-Vraiment Charline?
-Oui, qu’est-ce qui vous étonne?
-Rien, je vous imagine mal en train de crier si votre équipe gagne.
-Je vous assure que c’est un spectacle qui vous marquera toute votre vie surtout si c’est Messi qui marque, lui dit-elle sur un ton malicieux.
-Vous êtes fan de Messi?
-Pas vous?
-Je suis fan de CR7.
-Vous avez bien des points en commun.
-Lesquels?
-Vous êtes talentueux, canons et trop imbus de votre petite personne.
-Pardonnez-moi mais je me suis arrêté à canon.
-Qu’est-ce que je disais, dit Charline en levant les yeux au ciel.
-Vous disiez que je suis canon.
-C’est vrai que vous l’êtes mais vous êtes aussi…
-Ne gâchez pas le premier compliment que vous me faites, Charline. Laissez-moi savourer cet instant.
-On doit vous faire des compliments à tout instant. Ce n’est pas la peine d’en faire tout un plat.
-Quand ça vient de vous, c’est différent.
-En quoi est-ce différent? - La plus jolie femme de ce restaurant qui est également l’une des meilleures avocates du Barreau de Port-au-Prince me dit que je suis canon et vous me demandez en quoi est-ce différent?
-Arrêtez vos flatteries Ricardo, dit Charline rougissante. Parlant d’avocate, vous vous souvenez de la raison de ce diner?
-Pour que je puisse contempler vos beaux yeux?
-Allez, reprenez-vous un instant.
-Je passe un très moment en votre compagnie, je n’ai pas envie de parler boulot.
-On passe un très bon moment, c’est vrai.
-Alors vous l’admettez? Est-ce que cela veut dire que j’ai gagné le pari?
-Pas si vite, la soirée n’est pas encore finie.
-Vous avez déclaré forfait en admettant que vous passez une bonne soirée. Alors, si on parlait de ce que vous allez me donner puisque j’ai gagné le pari.
-Vous aviez dit que le fait que je venais à ce diner vous suffisait.
-J’avais dit “pour l’instant” Me Leblanc.
-Ah les avocats. Qu’est-ce que vous voulez?
-Que vous me laissez vous embrasser.
-Quoi, dit Charline en se levant brusquement.
-Ecoutez, dit Ricardo surprise de reaction véhémente. Je m’excuse si…
-Gardez vos excuses, je m’en vais.
Joignant le geste à la parole, Charline s’en alla laissant Ricardo complètement abasourdi.