jeudi , 28 mars 2024

Séance shopping

Temps de lecture : 3 minutes

Mis à jour le 4 mai 2023 à 17h06

Charline avait passé toute sa garde-robe en revue et rien ne convenait. Il lui fallait admettre que durant les dernières années, elle allait à tous ses dîners avec ses tailleurs de travail. Pour elle, il s’agissait juste d’un prolongement de ses heures de bureau. Mais cette fois, elle ne savait pas pourquoi, elle avait le pressentiment que ce serait différent. Elle voulait impressionner Ricardo. Elle avait beau l’appeler par son nom de famille quand ils se voyaient, dans sa tête, il était Ricardo. Beau, brillant et charmeur, un cocktail explosif que Charline redoutait mais qui la tentait de plus en plus.

Remettant ses tailleurs à leur place, elle se décida à appeler sa soeur. Responsable en relations publiques d’une grande entreprise, Lucie savait toujours mieux que quiconque quelle tenue choisir en toute occasion. Outre son aide dans le choix de cette fichue robe, Charline trouvait là un bon prétexte pour passer du temps avec sa soeur. Dès la première sonnerie, sa soeur lui répondit et elles prirent rendez-vous dans un magasin pas loin du bureau de Charline après le travail.

Charline détestait faire du shopping mais avec Lucie, elle savait qu’elle allait en prendre pour des heures. Elle se plia au jeu et parcourut les magasins. Elles trouvèrent finalement une robe rouge qui lui allait à merveille. En portant la robe, Charline eut l’impression d’être une autre personne. La fille qu’elle voyait dans le miroir était séduisante et semblait sure d’elle. Elle se trouva de jolies sandales assorties puis un collier. Satisfaite de leurs achats, les soeurs Leblanc se retrouvèrent au restaurant après leurs courses.

-Alors Charline, sit u m’en disais un peu plus sur cet homme qui t’a poussée à mettre tes vieux tailleurs au placard. Dois-je en parler à nos parents?
-Ne commence pas, petite peste. Il s’agit juste d’un stupide pari entre avocats.
-Un pari stupide?
-C’est l’avocat de la partie adverse de mon procès en cours. On devait négocier sur les clauses du divorce de nos clients. Il a décidé que cela se ferait autour d’un dîner auquel il a ajouté un pari: si je m’ennuie en sa compagnie, il me donnera la moitié de ses gains.
-Oula, cela va au-delà du professionnel. Et c’est amusant.
-Cela n’a rien d’amusant. Il est imbu de lui-même et a un ego surdimensionné.
-C’est un avocat. Vous avez tous un ego surdimensionné.
-Quelle insolence, répondit Charline en souriant à sa soeur.
-C’est la vérité, répliqua sa soeur sur le même ton. Alors qu’est-ce qui te fait vraiment peur dans ce diner?
-Peur?
-Tu redoutes ce dîner, n’essaie pas de le nier Line.
-Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté et cela me terrifie je l’avoue. En temps normal, j’aurais envoyé balader un homme qui me fait une telle proposition.
-Et à cause de cela, je pense que tu as raté diverses occasions de te divertir et de profiter de la vie.
-On dirait Ricardo.
-Ah vous vous appelez déjà par vos prénoms.
-Euh, en fait non, je m’en tiens encore à son nom de famille. Cela m’a échappé.
-Il te plaît, c’est ça?
-Je le connais à peine, Lucie.
-N’empêche qu’il te fait de l’effet.
-Je ne veux pas y penser.
-Pourquoi pas? Tu es jeune, tu es belle. Fais-toi plaisir de temps en temps, Line.
-C’est mon adversaire.
-Seulement au tribunal. Arrête de te prendre la tête soeurette. De toute façon, il ne s’agit que d’un dîner. En plus si ça se passe mal, tu gagnes beaucoup d’argent et si ça se passe bien, tu te seras amusée.
-Vu comme ça, cela paraît une bonne idée. De l’argent bien gagné ne me ferait pas de mal.
-Très chère, ne te réjouis pas trop vite. Vu la façon dont il t’a arraché la promesse du diner, je doute que gagnes ce pari.
-De quel côté es-tu? Tu devrais me soutenir plutot que quelqu’un que tu ne connais même pas.
-Je soutiens les gagnants soeurette.
-Peste, réagit Charline en riant aux éclats.
Les deux soeurs se séparèrent sur cette note joyeuse.

En arrivant à son bureau le lendemain, Charline fut surprise d’y trouver une tranche de gâteau et un pot de café. Sur une carte à côté du gâteau, il était écrit: “Repartons du bon pied. Je vous devais bien une tranche de gâteau et du café”. Il n’y avait pas de signature mais Charline savait qui c’est et se souvenait de cette première rencontre qui l’avait tant chamboulée. Définitivement, elle avait hate d’être au diner.

À propos de Vanessa Dalzon

Je suis Vanessa Dalzon, journaliste ayant fait des études en Droit. Auteure.

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