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Vie parallèle

Temps de lecture : 4 minutes

Mis à jour le 4 novembre 2021 à 19h57

La vie avec Marina devenait pénible depuis leur retour aux Etats-Unis. Elle surveillait constamment Alan pour voir s’il appelait Lydia. Alan essayait tant bien que mal de la calmer mais certaines fois, il perdait patience et cela finissait en disputes. En sortant du travail Alan retardait de plus en plus son entrée. Seule la perspective de voir sa petite fille le poussait finalement à regagner sa demeure. Lorsqu’il trainait de bar en bar après le boulot, Marina ne cessait de l’appeler ou de lui écrire. Cet après-midi, Alan fut surpris de ne recevoir aucun appel ou message désespéré. En rentrant chez lui, il comprit la raison. Ils avaient de la visite.

-Tiens chéri, tu es là, lui dit Marina d’une voix presque paniquée.
-Oui, je suis là… Et à qui ai-je l’honneur ?, répondit Alan en pointant du doigt un monsieur nonchalamment assis sur leur canapé.
-Euh, c’est Greg. Grégory Jean-Louis.
-D’accord. Enchanté Grégory. Je doute qu’on se soit déjà rencontrés, dit Alan en lui tendant la main.
-Non en effet, lui répondit Grégory d’un air narquois.
-Mais bon, je suis toujours ravi de voir les amis de ma femme. Vous prenez un verre avec moi ?
-Ce serait avec plaisir mais je voulais voir la fin du match de qualification de l’Argentine.
-Vous pourrez le regarder d’ici. J’allais le regarder aussi. Vous êtes fan de Messi ?
-L’un de ses plus grands fans.
-Alors on a ça en commun. Santé, lui dit Alan en trinquant son verre contre le sien.

Marina vit les deux hommes se diriger vers la télé. Elle les suivit discrètement craignant que Grégory ne la trahisse.

Le match fini, Alan et Grégory prirent le temps de faire des commentaires d’après-match comme tout fan de football qui se respecte, avec Marina toujours sur leurs talons. Voyant combien Marina était mal à l’aise, il prit congé.

Bon, je vous laisse, dit-il en se levant. Marina j’attends ton appel, lui dit-il sur un ton énigmatique.

-Alors, c’est qui ce Grégory, lui demanda Alan une fois la porte fermée.
-C’est un ami d’enfance que je n’avais pas vu depuis des années. Je te remercie de l’avoir si bien reçu d’ailleurs, dit Marina.
-Un ami d’enfance, vraiment ?, dit Allan en souriant.
-Ravale ton sourire plein de sous-entendus. Ce n’est pas la même chose qu’entre Lydia et toi.
-Alors que je viens de trouver un homme que je ne connais pas dont je n’ai jamais entendu parler dans mon salon à une heure aussi tardive, tu trouves le moyen de retourner la situation contre moi Marina?
-Ben si tu rentrais plus tôt, peut-être que tu aurais su qu’il viendrait.
-Evidemment, il fallait que ça retombe sur moi. Je voulais juste faire valoir que moi en arrivant ici, je n’ai pas fait de scène en voyant ton ami d’enfance dans mon salon. Je l’ai reçu et je lui ai parlé comme un être civilisé. Tu devrais peut-être prendre exemple sur moi.
-En accueillant Lydia chez moi ou en te laissant lui parler pendant des heures au téléphone ?
-Bon sang, c’était il y a des années Marina. Fiche-moi la paix avec cette histoire.
-Cela aurait continué apparemment si elle ne vivait pas en recluse depuis la mort de son mari.
-Tu sais beaucoup de choses sur elle ! Alors tu sais aussi qu’il n’y a pas lieu que tu me rabattes les oreilles à tout bout de champ avec ça… En attendant, ton ami d’enfance attend ton coup de fil, Marina, lui dit Alan moqueur en imitant la voix de Grégory.

Marina allait répondre quand la sonnerie du téléphone d’Alan les interrompit. C’était Caroline.

-Salut Caro. Tu tombes bien, on parlait justement d’amis d’enfance. Comment vas-tu ?
-Super bien. J’ai une bonne nouvelle d’ailleurs.
-Ah oui laquelle ?
-Je voulais te dire que je viens passer quelques jours aux Etats-Unis.
-Oh mais c’est merveilleux. Quand ?

Caroline n’eut pas le temps de répondre car Marina furieuse avait saisi le téléphone.

-Caroline, tu tombes très mal au contraire. Tu viens d’interrompre une conversation entre époux, lui dit-il d’un ton furieux.
-Je vois bien quel genre d’épouse tu es si ton mari préfère parler à une amie qu’à toi. Bon sang, quand je pense qu’Alan aurait dû épouser Lydia et qu’il s’est affublé de toi…

Après cette pique, Caroline raccrocha. Alan qui entendit la réponse de son amie savait que l’orage allait éclater encore une fois.

………………………………………………………………………………………………….

Lydia ne croisa plus Hans Neptune durant les jours suivants. Elle se demanda même si elle n’avait pas rêvé ce moment qu’ils avaient passé au restaurant. Entre-temps, Aline s’habituait à son école et semblait y prendre plaisir. De ce côté, tout allait bien. Un après-midi alors qu’elle venait chercher sa fille, Lydia croisa le regard d’Hans qui conversait avec un parent. Celui-ci perdit le fil de la conversation quand il vit Lydia qui souriait à sa fille. « Elle est tellement belle », se dit-il alors qu’il faisait un effort de continuer l’échange avec le parent.

Au lendemain, Hans appela Lydia alors qu’elle était au bureau. Dans un premier temps, Lydia crut qu’Aline avait eu un problème et elle paniqua. Il s’empressa de la rassurer.

-Votre fille va bien. J’appelais juste pour avoir de vos nouvelles.
-Ouf, Dieu merci. Je vais bien merci et vous ?
-A part le fait que je me remets du choc que m’a causé un sourire hier, je vais bien.
-Un sourire dites-vous ?
-Oui, celui d’une mère venue chercher sa fille à l’école.
-Je croyais que vous ne vous laissez pas atteindre par les mères aussi séduisantes soient-elles.
-L’une d’entre elles a su, en un sourire, percer l’armure qui a pris tant de temps avant de se forger.
-Il est encore possible de vous défaire de cette intrusion dans votre cage dorée.
-Oui mais je n’ai pas envie de m’en défaire. Cette fois, je crois bien que je veux me laisser prendre à ce filet si tentateur.
-Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette femme ?
-Parce que je sens que je viens de trouver une perle et que je refuse de la laisser à quelqu’un d’autre.
-Méfiez-vous. Les pierres précieuses vues en apparence peuvent être fausses.
-Elles ne sauraient l’être. Leur éclat est bien trop brillant.
-Vous semblez y tenir, dites-donc.
-Oui Lydia, je tiens à vous.
-Vous me connaissez à peine. Vous ne pouvez pas dire ça.
-Alors donnez-moi une chance de connaitre un peu mieux et vous prouver que je ne me suis pas trompé sur vous. Moi, j’en suis déjà convaincu.
-Je n’ai plus rien à offrir à un homme Hans.
-Même pas un diner dans un restaurant ?
-Vous m’invitez à sortir ?
-Vous acceptez ?
-Euh, oui, pourquoi pas?
-Demain soir ?
-Disons un jour de la semaine prochaine de préférence.
-Parfait. Permettez que je passe vous prendre.
-Pas de problème. Notez l’adresse.

Lydia sourit. Puis, elle se rappela combien Caroline serait contente d’apprendre qu’elle sortait enfin avec un homme.

À propos de Vanessa Dalzon

Je suis Vanessa Dalzon, journaliste ayant fait des études en Droit. Auteure.

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