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Retour au bercail

Temps de lecture : 3 minutes

Mis à jour le 22 juillet 2021 à 10h11

Deux semaines après leur réconciliation, Harry apprit qu’il avait une chance de revenir chez lui. Il n’avait qu’une semaine pour préparer son retour. Il avait le choix entre rester en Guadeloupe et rester en Haïti. Il en parlerait à Lydia et lui demanderait son avis. De toute façon, il pressentait qu’Haïti serait son choix. Lydia ne s’était jamais faite à l’idée de vivre en terre étrangère.

Sans surprise, Lydia avait préféré rentrer. Pour elle, ce serait le premier pas dans le processus qu’elle devait mettre en place pour oublier Alan. C’était dans cette maison en Guadeloupe qu’elle avait compris qu’elle l’aimait, dans celle-ci qu’il l’avait embrassée pour la première fois. Peut-être que chez elle, elle le reverrait comme ils ont toujours vécu, comme de bons amis. A tout prix, il fallait fuir ses souvenirs. Elle donna donc son aval pour rentrer. Et son mari accepta.

Ils avaient alors une semaine seulement pour tout préparer. Trouver une maison et des meubles. Heureusement pour Harry, l’un de ses amis travaillant dans l’immobilier, réussit à lui dégoter un appartement. Il s’était également occupé de l’ameublement ,si bien qu’à leur arrivée en Haïti, la maison était prête à recevoir ses nouveaux propriétaires.

Dès le premier coup d’œil, l’appartement plut à Lydia qui pensait déjà au type de rideaux et aux tableaux qu’elle allait accrocher sur les murs. Elle en parlait avec animation avec Harry qui se contentait de hocher la tête en souriant. Lydia se rendit compte enfin qu’Harry ne retenait pas un mot de ce qu’elle disait et s’arrêta de parler.
-Tu aurais pu me dire que tu ne comprenais pas un traitre mot de ce que je racontais.
-Je ne voulais pas refroidir ton ardeur. Cela fait du bien de te voir comme ça.
-Comme ça ? En train de parler comme une pie ?
-Non, si heureuse et détendue.
-Ah je vois.
-Tu es tellement belle quand tu te laisses ainsi aller.
-Hm merci monsieur, dit-elle en se rapprochant de lui.
-Lydia, dit Harry d’une voix rauque, serais-tu en train d’essayer de me séduire ?
-Ce ne serait pas déjà fait ?, répondit-elle coquine en couvrant son visage de baisers.
-En plus tu assumes, répliqua t-il en souriant. Si tu ne t’arrêtes pas tout de suite, je vais perdre la tête.
-C’est exactement le but mon cher.
-Lyd, si tu savais comme j’ai envie de toi.
-Montre-moi alors.

N’y tenant plus, Harry prit sa femme dans ses bras et l’embrassa avec fougue. C’était la première fois qu’ils faisaient l’amour depuis leur dispute en Guadeloupe. Harry avait attendu ne voulant pas la brusquer alors qu’il en mourrait d’envie, mais ce soir, c’était elle qui était venue vers lui et il s’en réjouissait. Et il entreprit de lui donner du plaisir. Alors que Lydia atteignait le paroxysme, elle faillit prononcer le nom d’Alan, elle ne sut ni comment ni à quel moment elle eut le courage de s’arrêter, heureusement qu’Harry ne s’était aperçu de rien. Apaisé, Harry ne se rendit même pas compte que sa femme pleurait.

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-Le déjeuner de madame est servi. Allez, debout, cria Harry le lendemain matin.
-Laisse-moi dormir encore un peu, répliqua Lydia d’une voix ensommeillée.
-Réveille-toi chérie sinon ton omelette va refroidir.
-Hm, cela sent bon, cria Lydia avant de se lever sur le lit.

Harry tira le drap et mit le plateau sur ses jambes. Alors qu’elle allait prendre une première bouchée, Harry la surprit avec un baiser langoureux.
-Hmm, quel appétit. Il est trop tôt, tu ne crois pas. Surtout que tu ne m’as pas laissé dormir la nuit dernière.
-A qui la faute ? C’est toi qui m’as allumé Lyd.
-Et j’en suis heureuse. Mais pourquoi tu t’es levé aussi tôt ?
-Il faut que j’aille à Jacmel pour le bureau.
-Déjà ? Alors que tu es rentré hier.
-Oui, la succursale à Jacmel a besoin de mon expertise, c’est urgent. Ils me promettent un mois de congé ensuite et je compte bien en profiter avec toi mon amour.
-Alors je l’attends avec impatience ce congé. A moins que je trouve un travail avant cela. Sinon, nos projets tomberaient à l’eau.
-J’aimerais bien que tu trouves du boulot mais je tiens à ce mois de congé.
-Je sais. Moi aussi.
Alors qu’ils continuaient à deviser, Lydia finit son plat et son mari s’habilla puis partit.
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Harry et son équipe devaient passer par Martissant. Ils étaient quatre dans la voiture et avaient une peur bleue de la zone. Depuis quelque temps, des gens tombaient par balle presque tous les jours dans cette zone. Pour oublier ce à quoi ils s’exposaient, les quatre jeunes gens se chahutaient entre eux, se lançaient des plaisanteries. Ils roulaient et étaient à proximité de Martissant quand ils virent que les voitures qui les précédaient quittaient précipitamment les chemins et prenaient des raccourcis.

Trop tard lorsque celui qui conduisait se rendit compte qu’il y avait des hommes armés juste en face d’eux. L’un des bandits leur faisait signe de s’arrêter mais l’un des membres de l’équipe l’en dissuada.
-Peze gaz monchè.
Il accéléra tandis que les messieurs activaient leurs gâchettes. Harry, assis à droite du conducteur fut touché. Pris de panique, Laurent qui conduisait, continuait d’accélérer alors que les deux autres derrière gémissaient. Ils n’eurent pas le temps de trouver un centre hospitalier. Harry mourut en chemin. Il n’avait que trente-trois ans et l’avenir devant lui.

À propos de Vanessa Dalzon

Je suis Vanessa Dalzon, journaliste ayant fait des études en Droit. Auteure.

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