mercredi , 1 mai 2024

Elle avait trouvé un job

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Elle avait trouvé un job. Et elle en était heureuse. Parce qu’elle vivait en Haïti, parce qu’elle n’avait pas encore de diplôme, parce qu’elle était jeune, parce qu’elle était une femme mais elle avait trouvé un job. Il y avait donc de quoi se réjouir. De fait, elle se réjouissait.

Elle avait trouvé un job. C’était d’autant plus gratifiant quand elle savait qu’elle l’avait eu par mérite. Elle avait fait ses preuves lors du stage. Elle était dynamique, brillante, pleine d’idées, ne ménageait pas ses efforts, faisait des heures supplémentaires. Tout ce qui lui a valu de se faire remarquer par ses supérieurs et d’obtenir ce poste tant convoité.

Elle avait trouvé un job. C’était un bel exploit. Seulement elle avait oublié qu’elle était belle, qu’elle avait de délicieuses courbes, qu’elle était encore à fleur de l’âge. Qu’elle était une femme. Qu’elle était une proie. Etre une femme, être une femme belle de surcroit n’était pas un avantage si on voulait travailler dans ce pays. Elle l’aura vite compris.

Elle avait trouvé un job. Ce job qui trainait derrière lui, dans un premier temps, les compliments anodins sur sa beauté, sur son élégance. Il amenait ensuite des commentaires plus hardis sur son physique, puis les incessantes demandes de passer au bureau du chef. Elle se croyait plutôt appréciée et n’y voyait rien d’anormal. Seulement, tous les indices étaient là : les regards concupiscents des autres, le ton sensuel sur lequel son patron s’adressait à elle. Pourtant perdue dans ses projets professionnels d’avenir, elle ne voyait rien vu venir.

Jusqu’à ce jour où il rentra dans son bureau, ferma la porte à clé, et se colla à elle. Oui, elle avait un job et elle devait en payer le prix, lui dit-il. Il ne suffisait pas de décrocher mais il fallait se faire chevaucher. C’était le prix à payer pour être une femme, le prix à payer pour être une jolie femme.

Elle avait trouvé un job qu’elle ne pouvait pas garder parce qu’elle préférait sa dignité. Elle voulait avoir la chance de choisir librement avec qui et quand elle devait coucher. Elle avait trouvé un job qu’elle allait perdre pour garder ses jambes fermées.

                                                                                                                                 

À propos de Vanessa Dalzon

Je suis Vanessa Dalzon, journaliste ayant fait des études en Droit. Auteure.

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