jeudi , 25 avril 2024

Poser des conditions

Temps de lecture : 2 minutes

Mis à jour le 27 avril 2023 à 12h35

Charline détestait la démarche qu’elle allait entreprendre. Ce n’était pas la première fois qu’elle entamait des négociations avec un confrère mais avec Ricardo, elle estimait que c’était différent. Il était tellement imbu de lui-même qu’elle l’agaçait prodigieusement. Mais même si elle ne supportait pas la démarche, elle savait que c’était le moment. Elle se préparait à subir ses moqueries mais il fallait qu’elle en finisse avec ce dossier tout en obtenant les meilleures parts pour sa cliente.

C’était la première fois que Charline venait au cabinet Charles, Volcy et associés. Elle dut admettre que le bâtiment avait du cachet. L’endroit semblait imposant tout en étant accueillant. Ne voulant pas s’attarder sur ses considérations, elle se dirigea vers la réceptionniste et demanda à voir Me Ricardo Volcy. On lui demanda de patienter.

De son côté, Ricardo Volcy hésitait encore sur le fait d’appeler Charline. C’était le moment de négocier mais il voulait lui faire perdre patience afin d’avoir une plus grande marge de manoeuvres lors des négociations. Seulement, le temps pressait et il fallait se l’avouer, il mourrait d’envie de l’appeler. Même s’il lui parlait avec désinvolture et nonchalance, il était conscient qu’elle lui faisait de l’effet. Il avait compris aussi qu’avant qu’elle lui fasse confiance, la bataille serait rude à mener. Ricardo était donc surpris lorsque la réceptionniste lui annonça que Me Leblanc voulait la voir. Il quitta son bureau pour aller lui-même la rencontrer.

-Charline, quelle agréable surprise, lui dit-elle en la faisant rentrer dans son bureau.
-Arrêtez votre cinéma Volcy, vous vous attendiez à me voir tôt ou tard. Vous avez fait trainer le procès à cet effet d’ailleurs.
-Je plaide coupable sur le fait d’avoir fait trainer le procès et je suis plutôt content de moi. Mais ce n’est pas pour cette raison.
-Ce serait pourquoi alors?
-Pour avoir une raison de vous voir toutes les semaines au Tribunal voyons.
-C’est ça. Je vous crois comme je crois au Père Noël.
-Heureusement que vous y croyez, nous pourrons célébrer Noël ensemble cette année. Qu’en dites-vous?
-Je dis que je suis là pour négocier et pas pour déblatérer avec vous.
-Charline, ça vous arrive de prendre 5 minutes sans penser au travail et de profiter de l’instant présent?
-Travailler pour moi c’est profiter de l’instant présent.
-Le travail n’est pas tout, Charline.
-Dit celui qui est devenu associé avant l’âge de 35 ans?
-Primo, je ne suis pas encore associé. Deuxio, je travaille beaucoup c’est vrai mais je sais aussi m’amuser.
-Tant mieux pour vous. Si nous passons aux choses sérieuses? J’ai rédigé un contrat que je pense qui nous satisferait tous les deux ainsi que nos clients donc…
-J’ai une seule condition Charline.
-Laquelle?
-Je ne discuterais du contrat que si vous acceptez de diner avec moi.
-N’importe quoi ! Vous ne pouvez pas faire attendre votre client pour satisfaire un caprice personnel.
-Vous ne pouvez pas faire attendre votre cliente parce que vous refusez de sortir de votre petite zone de confort. Il ne s’agit que d’un diner, Charline.
-Volcy, écoutez…
-On fait un pari, l’interrompit-il. Si vous vous ennuyez en ma compagnie, je vous donne la moitié de mes honoraires sur ce dossier.
-Vous n’êtes pas sérieux, dit-elle en souriant.
-Si je le suis. Je suis très sérieux même.
-Qu’est-ce que vous y gagnez?
-Là tout de suite, je vous vois en train de me sourire pour la première fois et cette vision vaut tous les gains du monde.
-C’est gentil mais ce n’était pas ma question, je veux dire si vous gagnez le pari, vous voudriez quoi?
-Si je gagne le pari, cela veut dire que j’ai la promesse de pouvoir passer du temps encore en votre compagnie. Pour l’instant, cela me suffit. Alors?
-Bien, je prends le pari.

À propos de Vanessa Dalzon

Je suis Vanessa Dalzon, journaliste ayant fait des études en Droit. Auteure.

Visitez aussi

Affrontements

Charline et Ricardo étaient furieux tous les deux. On aurait dit qu’ils allaient en venir …