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Confrontation

Temps de lecture : 5 minutes

Mis à jour le 2 décembre 2021 à 14h40

-Alors, Lydia tu aurais attendu combien de temps avant de me dire qu’Aline est ma fille ?attaqua Alan de but en blanc.
-Qu’est-ce que tu racontes ?
-J’ai vu sa photo sur le téléphone de Caroline par inadvertance. Elle ressemble étrangement à Lola, tu ne trouves pas ?
-Oui et alors, cela ne prouve pas qu’il s’agit de ta fille.
-Oui mais tu aurais pu quand même m’en parler. Ne me dis pas que le doute ne t’a pas effleuré surtout lorsque tu as vu Lola.
-C’est vrai, j’ai eu des doutes. Beaucoup de doutes parce qu’elle peut être autant ta fille que celle d’Harry.
-Moi, je suis vivant, tu aurais pu vérifier non. Les tests de paternité existent. Tu le savais non ?
-Bien sûr, j’aurais dû débarquer à sa naissance aux Etats-Unis avec ma fille chez ta femme et te demander de faire un test de paternité ?
-Et lorsque je suis venu en Haïti Lydia, tu aurais pu m’en parler non ?
-Quand ? Lorsque tu essayais de sauver la vie de ta femme et de ta fille ou lorsque ta femme m’a littéralement traitée de garce?
-Il aurait pu quand même avoir un bon moment. Je comprends mieux pourquoi tu t’es éloignée de toute ma famille pour que personne ne voie ta fille. Et qu’as-tu dit aux parents d’Harry ?
-Ils sont partis vivre au Canada après les funérailles d’Harry. Ils n’ont même pas su que j’étais enceinte.
-Bravo. Tu es une professionnelle de la dissimulation.
-Non, juste une femme qui essayait de protéger sa fille et sa réputation. Tant pis si tu ne le comprends pas.
-Non, je ne comprends pas Lydia. Pourquoi pas une fois tu ne m’en as parlé ? Cette question de réputation est-elle si importante pour que tu me prives de la naissance de ma fille ?
-Rien ne dit que c’est la tienne. La veille de sa mort, Harry et moi…euh… Aline aurait pu aussi être la fille mon mari. Le médecin ne pouvait calquer la grossesse au jour près. On m’avait seulement dit que j’étais enceinte de quatre semaines.
-Bien. Si on enlevait ce doute maintenant ?
-Comment ? Que proposes-tu ?
-Un test de paternité.
-Comment je l’explique à Aline ? Elle est trop jeune pour comprendre.
-Tu lui diras ce que tu veux. L’essentiel, c’est qu’elle part avec moi pour le faire. Tu viens avec nous ou pas, c’est toi qui vois.
-Tu deviens dominateur tout à coup.
-Désolé, je n’ai plus le temps pour les subtilités.
-On peut le faire aussi en Haïti. Pas la peine de partir.
-Je préfère que ça se passe à l’étranger.
-Comme tu veux. On y va en décembre. Lors des vacances de Noël.
-Pourquoi tout ce temps ?
-Aline vient de commencer l’école. Et c’est toi qui ne veux pas le faire en Haïti. En plus, on devait voyager pour Noël de toute façon. On sera à l’hôtel.
-Inutile. Vous pouvez rester chez moi. Il y a assez de place.
-Possible mais je veux rester à l’hôtel.
-Monsieur Neptune s’offusquerait que tu restes chez un autre homme ?
-Cela ne te regarde pas très cher. Tu n’as aucun droit sur moi et tant que tu ne sais pas si Aline est ta fille, tu n’en as pas sur elle non plus.
-Bien madame Elisée ou devrais-je dire madame Neptune ?, dit-il d’un ton persifleur.
-L’un ou l’autre, cela m’est égal.
-Une façon détournée de ne pas me dire ce qu’il y a entre ce monsieur et toi.
-Est-ce une information utile pour le test de paternité ?
-D’accord Lydia, j’ai compris. On fait comme tu as dit. Au revoir.

Alan était dans une colère noire contre Lydia certes mais il espérait qu’une fois calmé, qu’il pourrait essayer de la reconquérir mais il n’avait pas prévu le chapitre Hans Neptune.

………………………………………………..

Lydia n’avait pas rappelé Hans après sa discussion avec Alan. Elle ne se sentait pas en mesure de donner à nouveau des explications. Elle savait pourtant qu’elle aurait à le faire tôt ou tard. Hans ne lui laissa pas cependant le loisir de respirer. Dès le lendemain, Hans vint lui demander des explications.

-J’ai attendu ton appel toute la soirée d’hier et aujourd’hui encore, sans se rendre compte qu’il était passé du vouvoiement au tutoiement sans lui demander son avis.
-Je ne pouvais pas t’appeler.
-Tu ne pouvais pas ou tu ne voulais pas ?
-Hans, je te jure que je n’ai ni l’envie ni l’énergie pour la scène que tu veux jouer.
-Ah…tu serais prête à répondre à mes questions au moins ?
-Lesquelles ?
-Qui est Alan Marcellus ?
-Un ami.
-C’est tout ?
-Okay, c’était mon meilleur ami. Comme pour Caroline, on se connait depuis l’enfance.
-Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi tu en parles au passé ?
-Après mon mariage, je me suis rendue compte que je l’aimais. Entre-temps, il s’est marié de son côté.
-Et ?
-Il m’aimait lui aussi mais on était coincé et marié tous les deux. Et il vivait aux Etats-Unis.
-Puis ?
-Mon mari a été tué. Il est venu pour me soutenir et j’ai couché avec lui. On a ensuite coupé les ponts.

  • Et aujourd’hui, il vient réclamer ce qui lui revenait toujours de droit ?
    -Non, c’est plus compliqué que cela. Entre lui et moi, il n’y aura plus rien.
    -Dans ce cas, pourquoi est-il venu ? Que réclame-t-il ?
    -Sa fille.
    -Quoi ?
    -Il se pourrait qu’Aline soit sa fille.
    -Il se pourrait ?
    -Elle peut être aussi celle de mon mari. C’est pour ça qu’elle porte mon nom et que je n’ai pas répondu à ta question.
    -Je vois. Que comptez-vous faire ?
    -Un test de paternité à Noël. Aline et moi irons le rejoindre en décembre.
    -Et que dit sa femme dans tout ça ? Je croyais qu’il était marié.
    -D’après Caroline, il ne l’est plus.
    -Comment ça, il ne l’est plus ?
    -C’est une histoire compliquée. Je ne l’ai su qu’hier soir après son départ.
    -Ah d’accord et tu crois qu’il est revenu simplement pour sa fille ? Et d’ailleurs pourquoi ses doutes ne se réveillent que maintenant ?
    -Il ne connaissait pas l’existence d’Aline. Il l’a apprise par hasard.
    -Je vois. Et toi dans tout ça ?
    -Quoi moi ?
    -Vas-tu maintenant entamer une relation avec lui puisqu’il est libre ?
    -Non, je n’envisage rien de tel avec Alan.
    -Et avec moi ?
    -Euh…
    -Lydia, je ne voulais pas te brusquer. Je prenais mon temps mais la menace d’Alan sur ma tête me fait réfléchir.
    -Hans…
  • Lydia, je me bats pour ce que j’aime en général. Et ce n’est pas aujourd’hui que je vais baisser les bras.
    -Hans, je ne veux rien te promettre et crois-moi, ma réticence n’a rien à voir avec Alan.
    -Alan ne m’intéresse pas. C’est toi que j’aime.
    -Il est trop tôt Hans.
    -Je t’ai attendu pendant près de 35 ans. Tu trouves que c’est tôt ?
    -Tu as attendu quelqu’un, c’est certain mais…
    -Pendant toutes ces années, il y a eu un vide dans mon cœur et tu es venue et tu l’as comblé en respectant toutes les proportions Lyd. C’est toi que j’attendais et je ferais tout pour que tu le comprennes et l’acceptes.

En partant ce soir-là, Hans effleura les lèvres de Lydia d’un baiser. Celle-ci ne le repoussa pas. Hans se dit alors qu’une étape avait peut-être été franchie dans le bon sens.

À propos de Vanessa Dalzon

Je suis Vanessa Dalzon, journaliste ayant fait des études en Droit. Auteure.

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